Prose sur le quotidien émotionnel d’un dépressif.

Éphémère

Chaque matin est un pas de plus sur le chemin du destin, cette lutte vaine contre le trépas. L’aléa d’un univers encore incompris m’a amené à ce moment précis, à cet organisme faillible écrivant cette vérité terrible : programmé pour survivre, je n’aurais d’autres finalités que celles que je me fixerais dans cette société abrasive.

Toujours en mouvement, je dois saisir chaque moment. Ne jamais m’arrêter, il me faut éviter le marais de mes pensées. Pour le moment une simple fuite, je suis convaincu qu’en temps voulu j’accepterai cette existence maudite. Une fois la boîte de Pandore scellée, mes émotions pourront exister, créant pléthore de moments à apprécier.

Ombre et lumière, la vie n’est-elle pas une série de rencontres avec le bonheur tout en mordant parfois la poussière ? Quoi qu’il arrive je dois me battre, et si je me retrouve étouffé, je dois me débattre, pour cette vision du bonheur qu’il me reste à créer.

En avant

Toujours en mouvement, un pas en avant, une enjambée obstinée. Peu importe la destination, ce qui compte pour le moment, c’est que je sois dans l’action. J’ai abandonné les réflexions névrosées ainsi que l’anxiété qu’elles généraient, prison de ma vie quotidienne, mais aussi clé potentielle vers une existence apaisée.

Apathique et de but dépourvu, j’erre dans ce monde où je n’ai rien de réellement prévu. Ces changements de quotidiens peuvent amener à mon évolution, mais cachent peut-être la réalisation de ma plus perfide désillusion. Mes actions ressemblent de plus en plus à une fuite en avant, jusqu’au jour, peut-être, où je serai rattrapé par mes démons. Éreinté, je continue à me donner, pour pouvoir enfin exister, au risque d’imploser.

Errance

Dans ce monde sectaire où chaque vie n’est qu’une existence précaire, les moments de bonheur forment une oasis dans un désert de préoccupations. Ma vie n’est qu’errance sans réel but, et même si les activités ne manquent pas, il m’est difficile de ne pas approcher le trépas.

Cette sensation qui m’encombre, cette tristesse profonde, ne s’efface jamais. En un bref instant, d’un simple relâchement, l’illusion que j’utilise pour survivre peut se dissiper. De bien des manières, j’essaye de chasser cette réalité, ou du moins les réalisations que j’en fais. J’ai beau accepter ma condition, cohabiter avec mes émotions s’apparente à une prison. Ils me sont étrangers, entassés depuis bien des années au fond de mon être.

Je ne sais plus vraiment pourquoi je suis arrivé dans cet état, mais je dois maintenant lutter contre cet ancien moi. Autrefois coffre-fort protecteur de mon âme hypersensible, ce piège émotionnel est devenu une boîte de Pandore sombre, aspirant tout ce que je ressens.

L’existence déjà relativement maussade n’en devient que plus terne. La vie n’est alors plus qu’une survie.